Adolf, Benito & Joseph sur scène !
La pièce « Adolf, Benito & Joseph » de la compagnie L’Echo du Soleil aborde une question profondément complexe : peut-on rire aujourd’hui des dictateurs responsables des atrocités de la Seconde Guerre mondiale ?

La réponse à cette question est assez épineuse, car elle touche à des aspects émotionnels, historiques et éthiques. On se demande si la Cie L’Echo du Soleil à travers sa création pansera ou infectera-t-elle les blessures de la Seconde Guerre mondiale, une des plus atroces des crises que l’humanité ait connue.

Dans les années 1939 à 1945, une guerre contre l’humanité battait son plein au cœur de l’Europe provoquant 50 à 60 millions de morts, plusieurs millions de blessées, 30 millions d’européens déplacés. (Cf. REPERES-module n°1-notice-Bilan de la Seconde Guerre mondiale – vf – final Auteur & Copyright)
En cette année anniversaire des 80 ans de la fin de la guerre, Yves Sauton, auteur de la pièce et directeur de la compagnie décide d’allumer une lampe sur ce passé atroce à travers la création d’une pièce originale intitulée Adolf, Benito et Joseph, une partie d’échec[s].


Trois interprètes de la pièce; Yves SAUTON en Joseph Staline, Nikson PITAQAJ en Benito Mussolini et Olindo CAVADINI en Adolf Hitler , plus que déterminés, se lancent dans un champ de conversation brûlant à la merci du public qui pourrait avoir été personnellement touché par le sujet. La présence d’un quatrième personnage, Sarah, interprété par Manuelle MONINAS les obligent, ainsi que le public à faire face à la conscience/mémoire tortueuse.

-Je ne suis pas parano, je suis stratège…j’élimine tous ceux qui tentent de me nuire. (Joseph)
-Nous savons nous monter persuasifs quand nous le voulons.(Adolf)
-En ce qui concerne les coups tendus, nous sommes des experts, des monstres de premier rang. (Benito)

En donnant chacun une perception particulière de ces grandes figures de dictateurs, d’adultes perdus dans quelques brides confuses de souvenirs épars à gamins révoltés, les comédiens réussissent à nous transmettre la terreur et le traumatisme de cette grande crise de l’histoire du monde . Ils explorent cette période avec une intensité palpable. Les images en noir et blanc d’un monde dévasté apparaissent furtivement, comme des souvenirs confus d’une mémoire sonore et visuelle défaillante.

Que cherche à nous dire l’auteur ? a-t-il en tête cette vieille maxime qui dit « celui qui oublie son passé est condamné à répéter les mêmes erreurs et ceux qui refusent d’oublier le passé sont condamnés à le revivre » ?

Cette pièce certes réveille des douleurs, mais nous questionne sur son actualité, sur la mémoire collective et sa capacité à effacer ce qui est trouble et dérangeant.
Les élections européennes récentes ont mis en lumière des divisions et des tensions qui rappellent les dangers de l’utilisation de la haine pour des desseins d’accession au pouvoir. La montée de divers mouvements populistes et nationalistes, montre que les leçons du passé ne doivent jamais être oubliées. L’histoire peut se répéter si nous ne restons pas vigilants face aux signes avant-coureurs installant l’oppression puis la dictature. L’humanité égraine à chaque bruit d’horloge des douleurs immenses qui s’entremêlent comme un nœud qui sera difficile à dénouer si rien n’est fait .

L’aube du 21éme siècle sera -t-elle un précoce crépuscule ou pouvons nous encore garder espoir ?

Les acteurs peuvent-ils prétendre être un fil d’Ariane entre les peuples et une politique d’une nouvelle ?
Cette pièce tout au moins est un éveil puissant et nécessaire pour les enjeux du monde actuel.

Pour voir le spectacle rendez-vous à la Chapelle des Italiens pour le festival Off & à Caumont-sur-Durance pour le festival ON !